Vers le chapitre III / Rêve d'un traitement

Chapitre IV : Songes au clair de lune
[ Premier jour de survie - 21 Mai 2012, 20h30 - Dans les escaliers d'un immeuble ]

Le soir avait commencé à tomber et il avait été de plus en plus difficile de distinguer les silhouettes lentes les mort-vivants dans l'obscurité naissante de la ville. Il m'avait fallu trouver un endroit "sûr" pour pouvoir dormir d'une manière, même si le mot semblait si étranger au contexte. J'avais rapidement écarté l'extérieur qui m'offrirait surement une mort rapide, mais non moins brutale et douloureuse. Un endroit avec le minimum d'ouverture exploitables pour les zombies semblait le meilleur choix pour le moment. Je me trouvais donc actuellement appuyé dos à la porte des escaliers d'un immeuble, haletant après l'avoir refermé. Ma main tremblait tant elle s'était abattue récemment sur des cranes. Le tube cabossé était maculé du sang de ceux que j'avais croisé. Et ils avaient été nombreux jusqu'ici.

" Le rythme ralenti enfin un peu ... "

Je soupirais un grand coup avant de reprendre mon souffle. Cette phrase était sortie ironiquement, comme pour me mentir à moi même. intérieurement, je savais que tout cela ne pouvait être que le calme avant la tempête ... Si seulement il ne s’agissait que de vent ... C'était un véritable raz de marrée de mort qui s'était abattu sur la ville et le rongeait petit à petit. Je commençait alors à grimper les marches unes à une. Mon but était de monter le plus haut possible, le plus loin du sol et de ses habitant actuels. À chaque virage de l'escalier, j'avait une appréhension d'en voir un autre au tournant. C'était pourquoi je gardais mon arme de fortune le plus loin de la rambarde métallique qui en entrant en contact avec le tube d'aluminium, ferait une magnifique alarme pour viande morte. Même si les marches s'accumulaient, c'était de loin le moment le plus reposant de la journée, loin de la fuite perpétuelle qui avait précédée. La cage d'escalier donnait à chaque étage sur une porte, que je ne me risquait pas à ouvrir de peur de tomber sur une masse de mort-vivants avides de chair, préférant continuer mon chemin plus haut. C'était un immeuble résidentiel et il y avait donc quelques personnes qui étaient là auparavant ... actuellement, je n'allais pas me risquer à croiser leur route, d'autant plus que ma fatigue ne faisait qu'augmenter. Les marches menaient enfin à une unique porte métallique, seul choix possible à ce niveau, donnant sur le toit du bâtiment. Je n'avais pas encore vu ces choses voler ... Espérons que ce n'était pas e cas de nuit ...

En poussant la lourde porte, un spectacle que je ne m'attendais pas à voir s'offrait à mes yeux. Le bâtiment possédait une petite serre de verre sur le toit de son immeuble, surement entretenue par les habitants eux mêmes. Après avoir pris soin de refermer la porte derrière moi, je fit le tour du toit, arme en main pour chasser un potentiel prédateur. Rien. Pas la moindre trace même de combat. Rapidement, je m'était rendu dans la serre, espérant trouver quelques fruits ou légumes cultivés. Un bref coup d'oeil à l'intérieur pour ma sécurité avant de rentrer et et découvrir que cette dernière e semblait contenir que des plantes vertes. Pas d'espoir de denrées potentielles donc ...

Me saisissant d'un des tuteurs d'un jeune arbrisseau, je me hâtais à bloquer la porte menant à l'escalier, utilisant ce dernier fermement calé contre une des dalles brisée du toit, avant de retourner l'intérieur de la serre de verre, refermant également la porte derrière moi. Un petit banc de pierre se trouvait là, au milieu de la végétation, surement pour en profiter pleinement.

" Je pense pas qu'ils soient en état de m'en vouloir si je squatte ici ... "

Aussitôt, je prenais place sur la pierre froide avant de vider le contenu de mon sac sur le sol. Les boites de médicament s'étaient répandues en un tas informe sur la terre meuble. Les barres de céréales qui se trouvaient dans la poche avant du sac feraient office de repas du soir ... faute de mieux. Tout en mâchant, je passait en revue mon larcin fait à la pharmacie. Bien évidement, l'anti-rhume en faisait partie, pour le reste, le hasard ne m'avait pas vraiment aidé sur ce coup là ...

" ... Vitamine C ... Antidépresseurs ... Je pense que je vais sérieusement en avoir besoin ... Test de grossesse ... Non merci ... Patch anti-tabac ... Bah si jamais je me met à fumer j'aurais de quoi m’arrêter ... "

Ajouté à cela deux bouteilles d'eau Oxygénées et les analgésiques. Autant dire que balayer un rayon pour choisir des médicaments n'était pas la meilleure façon d'avoir de l'utile. Je rangeait ce qui paraissait avoir une utilité dans le sac alors que le reste avait trouvé une place devant la porte de la serre. Mon bagage était maintenant bien plus léger et ne renfermait que le strictement utile, même si l'eau oxygénée en tant que désinfectant semblait utopique face à cette situation si la transmission se faisait comme il avait toujours été présenté dans les films ... Une morsure et c'est fini ...

Je ramenais alors le sac sous le petit banc avant de m'y mettre également, me servant de ce dernier comme d'un oreiller. Les boites à l'entrée de la serre me serviraient d'alarme en quelque sorte si quelqu'un de non-vivant venait à la franchir. J'avais également décidé de dormir sous le banc pour avoir une chance qu'il arrête un assaut d'un potentiel zombie attaquant. il fallait dire que jusque là, les films et les jeux ne s'étaient pas trompés, et dans ces derniers, ces horreurs ambulantes n'étaient pas très futées non plus. Pour plus de sécurité, je gardait le tube de l'aspirateur près de moi, avant de me couvrir des bleus de travail dérobés à la pharmacie en guise de couverture.

- Ils sont là ! -

À peine mes yeux fermés, j'avais eu comme une intuition que j'allait être attaqué. Je me relevait rapidement, me cognant la tête dans la pierre de l'assise. Finalement il n'y avait pas que des avantage à ma cachette. Je jetais un oeil vers la porte de la serre, puis celle menant aux escaliers. Toutes les deux fermées et le tuteur toujours en place. Mes battements de coeur s'étaient accélérés et résonnaient intérieurement alors que je me recouchaient. Je gardait les yeux ouvert, fixé vers le ciel. La lune brillait d'une lueur argentée et offrait un peu de lumière. De nouveau j'essayais de fermer mes paupières pour me reposer, mais la même impression malsaine revenait me hanter. Et ces battements de coeur ... plus le silence se faisait, plus ils devenaient omniprésents et obsédants, comme s'ils semblaient répéter: c'est la fin, c'est la fin, c'est la fin ... Ne pouvant plus supporter tout cela, je fouillais mon sac à la recherche des antidépresseurs. Les deux gélules avalées, je me recouchais, peu à peu apaisé, porté comme sur un nuage entouré de flou. Je m'étais résolu à cette solution à contre-coeur car j'aurais préféré rester alerte la nuit, afin de réagir au mieux.
Alors que mon rythme cardiaque se ralentissait, je commençait à partir au pays des songes, alors qu'à la limite du conscient, il me semblait entendre tout doucement et de manière une peu vague:

- Si seulement tout cela n'était qu'un mauvais rêve ... -