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Chapitre 4 : Nouvelle Stratégie


Episode XII : Morale de Chien!

Tokyo -Habitation/Lycée-
21 mai 2012, jour 1er
-21h54-

D'un bond souple et ample, j'atterris sur le balcon et mis un genou à terre en une sorte de révérence informelle. Ce mouvement à peine achevé, le chien sauta de mes épaules et s'ébroua, remettant en ordre sa fourrure malmenée et tassée par le voyage. De son pas sautillant, il se dirigea vers la porte-fenêtre et se retourna vers moi alors que je gardais la pose.
Mes yeux semblaient s'obstiner à flirter dans le vide alors que mon esprit encore sonné commençait à concrétiser toutes les implications de ma déclaration ressente:

* Réinstaurer l'équilibre et protéger les humains?!? Pfff, moi et ma grande gueule... Mais bon Dieu, pour qui me prenais-je? Un messie? Me faites pas rire! Pas fichue de se définir et encore moins se défendre soi-même contre ce fléau! Comment arriverais-je à protéger qui que ce soi? Si tant est qu'on ne me prenne pas pour un monstre...
Pourtant... Cette aura... Je ne pouvais la nier... Et qui d'autre qu'un cobaye ayant subit les affres d'un virus similaire était à même de comprendre les deux mondes? Zombie... Humain... La lutte était engagée, mais devait-elle en passer par une guerre?*

*lutte de territoire.*

L'esprit canin s'immisça dans mes pensées et y résonna doucement.

*Nous meute de loups. Eux, horde de hyènes. Pas dangereux isolés, même si puissants, mais en groupe, redoutables. Plusieurs prédateurs sur même territoire possible si espace assez grand. Ici, trop de hyènes. Loups doivent se regrouper et chasser. Nous chercher Loups isolés et former grande meute pour dégager territoire. Prendre tous les Loups, même si apparence caniche, car même caniche peut devenir hyène... Nous observer ennemi, soigner compagnons et aiguiser crocs. *

Ce long monologue non humain me laissa totalement dubitative... Si simple! Si cohérent... Le bon sens animal me stupéfiait par moment. Je notais cependant le changement de considération de mon comparse quant à mes « semblables » : les humains devenaient nos alliés dans son raisonnement et non des ennemis.

*D'autres prédateurs plus dangereux... Pas le temps pour guerre de clan*
me répondit-il aussitôt.

*jeune loup à surveiller! Nous devons le rallier à la meute car bon guerrier. Voir son état maintenant!? *

Un léger sourire étira le coin gauche de mes lèvres. Fichu cabot! Voilà qu'il me donnait des ordres maintenant! Mais à la réflexion, cette environnement n'était plus qu'une vaste jungle... Plus aucune logique humaine ne s'appliquait en ces lieux... Dorénavant, seuls l'instinct de survie et la ruse prévalaient. Or, qui d'autre qu'un animal était à même de nous guider aux travers les embuches de ce monde en proie à la folie?

*Bien Chef*

lui répondis-je mi-amusée. Mais à mon étonnement, le chien posa sur moi un regard torve où rougeoyait une lueur de braise au fond de ses pupilles:

* Toi avoir voulu jouer au chef de meute tout à l'heure. Nous avoir hurler pour signaler nos intentions et revendiquer le territoire. Alors nouvelle stratégie. Pas de retour en arrière. Plus seuls désormais. Nous avoir devoirs et responsabilités.*

La queue du canidé disparut dans l'embrasure de la porte, me laissant seule avec ma stupéfaction. Décidément, ce chien changeait bien vite...




...Ou était-ce moi?

Nuit noire
l'obscurité entourait Warsalte en cette demeure inconnue alors qu'elle siégeait, seule, sur un canapé de cuire au milieu du salon. Quelques minutes auparavant la trouvèrent affairée auprès d'un agonisant, épongeant de son mieux une plaie béante, suppurante et nécrosée. Trust n'avait pas fait les chose à moitié et, des deux rangés parallèle d'où s'imprimait l'emprunte de ses crocs suintait un agrégat de sang caillé, de pue, et de lymphe à vous retourner l'estomac. De profondes nervures violacées en partaient et sillonnait la cuisse du mourant en une prolifique arborescence, s'enracinant dans la chair, s'irriguant aux réseaux veineux qu'elles polluaient d'un réactif noirâtre.
Le petit spray antiseptique trouvé dans la boite à pharmacie semblait aussi efficace que de l'eau bénite sur le front d'un nouveau née: le geste est solennel, la symbolique est belle mais totalement illusoire en cet univers bactériologique de guerre micro-cellulaire.
Qu'espérer de plus venant d'une société aseptique et hyper-moderne, surprotégeant l'entité biologique de ses chères concitoyens à défaut de son équilibre mental? Aussi, à la place de son eau, c'est d'un reliquat du sang du Christ que fut baptisé l'innocente victime, incarnée d'une bonne giclée de Saké.
Warsalte l'avait alors consciencieusement pansé jusqu'en haut de la cuisse, faisant abstraction de la nudité de son patient, et tira une couverture sur lui avant de s'éclipser en emportant le reste de la bouteille d'alcool.

Trust l'attendait sagement au sortir de la salle de bain tandis que sa compagne égouttait ses mains humides.
Le cabot la gratifia d'un sourire canin avant d'ajouter:

*Désolée, prochaine fois, mordrais plus haut !*

Mais Wars n'était pas d'humeur. Elle s'affala sur le spacieux sofa, déboucha d'un coup de poignet la flasque de spiritueux et déglutit à grandes goulées la boisson de feux s'offrant à ses lèvre. La jeune femme savait pertinemment qu'elle aurait mieux fait de conserver le breuvage à des fins médicales, mais en cet instant, elle y cherchait la foi d'un espoir en perdition...
Le jeune Samouraï ne s'en sortirait pas, elle en était maintenant pratiquement convaincue. En d'autres lieux, d'autres conditions, et moyennant une amputation, peut-être aurait-il eu une chance. Mais là, avec un simple bain d'alcool pour tout soin apporté à une blessure réputée mortelle dont elle fut la seule rescapée sur des centaines d'autres...

........................

Quelle nuit immonde.
Loin d'être d'un sombre enchanteur et apaisant, l'abysse filtrant de la fenêtre se teignait d'une clartés jaunâtres et douteuses des lampadaires bordant la rue. Ajoutez à cela la chape constante de pollution atmosphérique couvant Tokyo et vous obtenez une voute céleste d'un maronnasse déprimant, écœurant jusqu'aux étoiles ne brillant que par leur d'absence. Le tout donnait l'impression d'une sanie méphitique répandue en tout lieu, à l'image de celle suintant de la blessure soignée tantôt.

* Nous sommes l'infection de cette planète que nous nécrosons par nos actions * pensa Warsalte entre de lampées. *ce fléau est-il la réaction immunitaire d'un écosystème si longtemps malmené? Y aurait-il un Dieu jugeant nos actes finalement? Sommes nous au milieu d'un nouveau déluge de chair et de sang?*

Pendant que Wars s'abîmait en ces considérations existentielles qu'abreuvait sa boisson d'une richesse poétique, Trust s'était approché du balcon et surveillait la cour d'école en contre bas. Ses petites oreilles se dressèrent soudain à la vu de deux petites silhouettes frêles et hésitantes traversant à pas comptés l'espace désert de l'établissement scolaire.

* Hey! Noé! Ton Arche se débine! Couple de caniches tentent sortie dans tempête. On recrute? *

Episode XIV: Try again?

Tokyo -Habitation/lycée Seito-
21 mai 2012 -jour 1er-
-23h30-

L'appel de Trust me sortit brutalement de mes pensées. Par un raclement de gorge accusant réception de son message, je me mis sur pieds, titubante, et le rejoignis en tâtant le mur de la main afin d'éviter de m'y heurter par mégarde.
Les deux silhouettes en question semblaient appartenir à deux gamines -lycéennes de l'établissement au vu de leurs uniformes- brandissant frileusement l'une un balais serpillère, l'autre une pelle-bêche. Elles cheminaient ainsi, contournant les cadavres de la cour, tressaillant en émettant quelques couinements effrayés, et sursautant au moindre bruit.
Celle de tête devait être la meneuse car la seconde ne la quittait pas d'une semelle en se cramponnant à son balais, si bien que de loin, on aurait cru deux siamoises accolées l'une à l'autre. Sauf que jumelles, elles ne l'étaient pas! Et ce qui devait arriver arriva: la seconde se pris les pieds dans la première, les faisant se rétamer de tout leur long au milieu des macchabées. Dans un hurlement suraigue, la trouillarde se remit sur pied et tambourina les corps inertes de son balais serpillère alors que la meneuse se dégagea d'une ruade en enjoignant sa camarade de se taire. Trop tard... Déjà des beuglements gutturaux leurs firent écho de toute part.
Depuis mon perchoir, la scène en fut si mignonne et tellement comique que j'éclatai du rire tonitruant typique d'un état légèrement éméché.

M'enfilant un longue goulée de boisson, je flanquai la flasque dans ma poche arrière et m'agenouillai devant le chien:

*Aller Trust, on y va!*

L'animal sauta sur mes épaules et j'enjambai la balustrade en me laissant pendre par le bras jusqu'à l'étage au dessous avant de lâcher, me réceptionner, et recommencer la même gymnastique les étages suivants.

*Un chimpanzé* soupira Trust en s'agrippant à mon cou.

*Gue non!*

Lui répondis-je en m'esclaffant de plus bel, loupant mon ultime atterrissage qui me projeta tête la première dans les buissons du jardin.

*Pitoyable e_e *

lâcha le chien en se remettant sur pattes et avisant mon visage tout griffée.

Toujours hilare, j'essuyai le coin de mes yeux humides et claquai vigoureusement mes joues. Deux Zombies étaient en vu; l'un vers les filles, l'autre se dirigeant vers moi. Je n'avais rien en main pour le tenir à distance, et encore moins pour le mettre hors d'état. Aussi me mis-je à courir vers les filles en quelques foulés alors que Trust partit reconnaître le terrain et -si possible- me dégoter une arme.

Quand on a aucun plan en tête, qu'on est désarmé, et passablement éméchée, on a tendance à tout miser sur la force brute. Ne faisant pas exception à cette règle, je fonçai tête baissée sur l'assaillant qui, percuté à l'épaule, nous gratifia d'un magnifique salto avant de retomber lourdement ventre à terre. D'un bond, je sautai à nouveau sur lui et m'assis sur son dos pour l'empêcher de se redresser.
Le bougre avait une force de taureau! Et c'est un beau rodéo qu'il m'offrit de telle sorte que je ne pu faire grand chose sinon le maintenir au sol. Je jetai alors un regard vers les deux filles:

«- Hum... Mademoiselle? Puis-je vous demander aimablement d'abattre votre pelle sur la nuque de ce... -c'est un homme!, enfin, c'était u_u – ce jeune garçon s'il vous plait? »
Demandai-je à la personne concernée dans un japonais d'où sonnait un fort accent européen.

Cette dernière esquissa un geste, tétanisée, et la pelle chuta à mes cotés... Bon... c'est vrai... j'aurais du suivre les cours de japonais un peu plus sérieusement … Sinon, je suis horriblement vexée u_u Je sais que je suis passablement dimorphe, mais je ressemble pas à un homme quant même !
Bref, il me fallait improviser comme d'habitude!

Je me dégageai donc rapidement du buffalo bill et reculai de quelques pas en observant ses efforts pour se relever. Soudain, un cri me fit sursauter et deux bras se refermèrent violemment dans mon dos. J'eus peine le temps de me retourner qu'une belle mâchoire remplie de dents de vache surplomba mon épaule gauche. J'en aurais mouillé mes chausses si Trust n'avait pas sauter au visage du zombi en lui arrachant l'ensemble de la partie inférieur de la face.
D'un geste instinctif, j'empoignai la flasque dans ma poche et l'abatis férocement sur le crane du mort vivant -ce qui n'eut pour effet que de casser le récipient et imbiber d'alcool le cadavre animé (mon saké T_T)- . Puis je m'accroupis et m'emparai de la pelle en m'en servant allègrement: un coup dans la jambe pour le faire tomber, trois coups dans la gorge avec le tranchant du terrible outil de jardin!
Derrière moi, les filles faisaient face au buffalo enfin remis sur pied. Le balais serpillère s'écrasait sur le visage du mort pour un récurage à l'eau de javel. D'un signe, Trust mordit et tira le pied du zombie qui retomba à nouveau à plat ventre afin que je lui brise enfin les cervicales de mon arme made in jardiland.
Fin du round. Bilan: un zomb en moins et un autre alcoolisé tressautant pour se relever. Coté vainqueurs: un chien barbouillé de sang, un singe (hein? C'est moi le singe? è_é) et deux gamines choquées.

Époussetant mes bras, je repris mon sérieux, fis le signe de l'infini devant nos victimes et énonça en ma langue natale :

« Frères, vos âmes sont loin. Vos corps demeurent et succombent par nos actes bienveillants. Puissiez vous renaitre sous de meilleurs auspices et nous aider dans notre lutte. Amen »

Me tournant alors vers la meneuse, je tendis le bras

« Mademoiselle, pourriez vous me prêter du feu? …. Allons, ne me dites pas qu'une gamine qui raccourcit ses jupes d'uniforme, déboutonne sa chemise en un corset et se décolore les cheveux ne fume pas également entre les cours! Vous n'êtes pas crédible ^^ »

Cette dernière m'envoya alors un briquet, mal à l'aise, sous les yeux ébahis de sa camarde.

Avec un sourire narquois, j'enflammai un prospectus trouvé à terre et le lançai sur le zombie au saké qui s'embrasa timidement. Ceci fait, Trust et moi nous avançâmes pour nous présenter

« Bonsoir, je suis Warsalte, et voici Trust. Nous cherchons.... »

la phrase à peine achevée, la trouillarde s'enfuit en hurlant coursée de près par sa camarade...

…

Un vent tiède balaya leur fuite en nous portant les gémissement des non-morts aux alentours.
Trust eu le mot de la fin:

* Misson failed... Try again? *

Episode XV : Et que l'espoir nous survive

Tokyo -Habitation/lycée Seito-
22 mai 2012 -jour 2eme-
-00h04-


*Et putain de bordel de merde! On essaie de bien faire et ça nous ignore ! Tout ça parce qu'on rentre pas dans le standard de la race ! Hein Trust? Je serais gaulée comme Lara Croft qu'on ne s'enfuirait pas devant !*

Je crachais mon amertume à terre en un rictus de mépris :

« COURREZ POV' DINDES QUE VOUS ÊTES!
ET PUISSIEZ VOUS CREVER EN HURLANT COMME DES PUTES! »

*Je n'ai plus rien à faire ici l'ami... nos copains les zombis sont bien plus interessant!*

Flanquant la pelle-bêche sur mon épaule, je partis d'un pas désinvolte vers la première taverne du coin. Il me fallait rincer l'affront d'une bonne rasade d'alcool, quel qu'il soit. Les malheureux non mort en travers de ma route se voyaient indistinctement éjectés d'un coup de pelleté ou de pied.
Dingue comme la fureur avinée pouvait rendre courageux... ou irrémédiablement stupide.
Quoiqu'il en soit, j'effectuai plusieurs centaines de mètres avant qu'une petite voix se fasse timidement entendre en mon esprit

*Warsalte... tu es au sortir d'un établissement scolaire: tu as autant de chance de trouver un bar ici que de voir tes bras reprendre mesure normal..*

La rage me fit jurer de plus bel. Mon regard hagard parcouru l'ensemble de la rue vide et déserte, où gisaient çà et là cadavres de voitures et de vivants.

« Et merde.... Et merde... mais qu'est ce que je suis venue foutre ici Trust? C'est avec Yokani que j'aurais du me rendre en ces rues, visiter cette ville. »

Des larmes dégoulinèrent de mes joues poisseuses de crasse et de sang, creusant nombres de sillons sur mon visage blême.

« Yokani... Yokani...
YOOOOOOOOOOOOOOKAAAAAAAAANIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII! »
Hurlais-je à plein poumons.
« Ramène tes fesses, qu'on en finisse! T'aurais aps du partir! T'aurais pas du tomber malade ! Pourquoi tu m'as laisser dans ce labo pourri seule et perdue hein? Ou est ce que tu peux bien être maintenant? RAMENE TOI! JE SUIS CHEZ TOI MAINTENANT! »

Mes jambes se dérobèrent sous moi et je m'affalai à genoux sur le bitume, sanglotant comme une gamine alors que la pelle tomba de mon épaule à grand fracas.

« Yokani.... » Hoquetai-je « dire que je t'aimais... »

une léchure mouillée vint débarbouillée une partie de ma face dégoulinant de larmes et de morve. Je me sentais si faible, si désœuvrée d'un coup...
je pris le chien dans mes bras et reniflai en son pelage. Lui comme moi pressentions le balancement des spectres furtifs tout autour de nous. Nous nous savions peu à peu encerclés. Nous percevions la puanteur de la mort fondre vers nous à pas trainant.
Je me redressai pour fixer les pupilles du canin et m'immerger en elles :

*Bataille finale l'Ami... Nous ne sommes que deux loups perdus dans cette ville. Les caniches nous rejettent et les hyènes nous harcèlent... Partons ou mourrons ensemble*

Trust moufta son approbation et se remis sur patte alors que j'empoignais mon arme de fortune.

« Pour la vie »

soufflais je avant de me ruer en hurlant vers l'adversaire le plus proche, talonnée de près par les grognement féroce du canidé

… et que l'espoir nous survive »